Article rédigé par Yann Allègre.
En France, mon quotidien se résumait à me lever tôt, maintenir un taux raisonnable de caféine dans le sang tout au long de la journée, et profiter de ce que la montagne a à offrir en dehors du boulot. Trois mois plus tard, rien n’a vraiment changé si ce n’est la qualité du café et le temps qu’il me faut pour rejoindre la montagne. Ce qui change vraiment, c’est l’expérience que l’on acquiert dans cette période de transition entre un point A et un point B. Point A : la France. Point B : le Canada. Facile. Sauf qu’avec un territoire de cette taille, c’est assez difficile de choisir son point d’arrivée. Alors pour ne pas perdre le nord, on a décider de traverser tout le pays avec Vincent.
Vincent, c’était mon compagnon de route sur ce road-trip d’environ 7000 kilomètres entre Montréal et Vancouver. Il a 31 ans, et sa spécialité c’est les cocktails, la gastronomie et les voyages improvisés. Moi c’est Yann, j’ai 29 ans, j’aime la photographie, réaliser des vidéos et partir en randonnée, quitte à marcher sous la pluie ou sous la neige. Nous nous sommes rencontrés en station de ski, à Val Thorens, et très vite on s’est rendu compte qu’on avait tous les deux reçu l’accord pour le visa vacances travail.
La traversée de Montréal à Vancouver par les routes du nord
L’idée de traverser le Canada de Montréal à Vancouver en passant par le nord du pays est venu au fil des conversations. On a d’abord choisi d’atterrir à Montréal pour évidemment profiter de ce que la ville a de mieux à offrir, surtout au niveau culturel. Mais c’était aussi un bon choix stratégique. Là-bas, la majorité de la population est francophone, ça nous a donc facilité la tâche pour trouver notre moyen de locomotion, et surtout pour la négociation. On n’a pas vraiment d’expérience en mécanique mais cela ne nous a pas empêchés de voyager sans trop de problèmes, même avec une Honda avec plus de 270 000 km au compteur.
Pourquoi le nord vous allez me demander ? Et bien tout simplement parce que tout le monde va au sud. Enfin c’est ce qu’on a tendance à lire sur les blogs et autres articles de voyage. Je pense que la différence de température n’y est pas pour rien non plus. Vincent voulait absolument voir des ours polaires à Churchill dans le Manitoba, ou des aurores boréales à Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest. Moi je voulais juste qu’on sorte un peu des sentiers battus et contempler de nouveaux paysages. L’idée de Vincent n’était pas mauvaise à la base : la saison des aurores boréales devait débuter, et on aurait dû profiter de l’été indien avec un redoux au niveau des températures. Mais évidemment, rien ne se passe jamais comme prévu. Après plusieurs nuits passées par -10°C dans la voiture, on a vite compris qu’il fallait changer nos plans. Bien plus tard sur la route, ce sera l’une des gardiennes du Parc Provincial du Kananaskis Country qui nous apprendra que l’on est tombé dans une période de températures exceptionnellement froides pour la saison. Il s’en était fallu de peu pour que nous prenions la route plus au nord, et dans notre malheur, nous étions tout de même content d’avoir pris la bonne décision. Quand on se laisse une grande marge d’improvisation, c’est à ce moment là que les situation inattendues surviennent. Et c’est aussi ce qui rend l’expérience plus amusante.
Évidemment à pied ou en voiture, l’expérience n’est pas la même. A pied, on est forcé d’aller à la rencontre des gens ne serait-ce que pour trouver un endroit ou dormir, ou même pour demander son chemin. C’est moins de confort pour plus de rencontres. Mais nous, on avait choisi la voiture, et on
n’a pas été déçu ! Alors c’est vrai qu’on a beaucoup moins de confort que dans un van aménagé ou un camping-car, mais c’est beaucoup moins cher. C’est aussi le meilleur moyen de se déplacer facilement d’un parc à l’autre en se garant n’importe où pour passer la nuit, en évitant de payer le camping évidemment. Il faut savoir qu’au Canada, le camping de nuit sur les parkings ou dans les parcs naturels est très régulé. C’est donc difficile de trouver un emplacement pour dormir sans se faire réveiller au petit matin par un gardien ou un vigile. En bon voyageurs modernes que nous sommes, on s’est servi d’applications communautaires sur une grosse partie du trajet (Wikicamp et MapsMe). Des outils très utiles pour se réapprovisionner en eau ou pour prendre une douche en camping de temps en temps. On s’en est aussi servi pour trouver des emplacements gratuits où passer la nuit, surtout à proximité des parcs nationaux.
Le Canada est une carte postale
On ne va pas se mentir, si on va au Canada, ce n’est pas pour calculer les taxes à chaque restaurant et pour mettre du cheddar sur ses frites. Non, le Canada on y va surtout pour se perdre dans les plus beaux parcs naturels du monde. A force de voir des images « carte postale » du Canada sur Instagram, on a fini par sortir notre carte et repérer les plus beaux parcs nationaux à voir. Petit conseil au passage : préférez partir au début du printemps ou de l’automne, la majorité des vacanciers seront partis et les rocheuses sont magnifiques avec leurs sommets encore enneigés à ces périodes. Et pour ne rien rater, on vous conseille de vous arrêter dans 3 parcs incontournables : les parcs nationaux de Jasper, de Banff et d’Elk Island. Vous devriez pouvoir observer facilement des bisons, des wapitis, ou même des ours si vous êtes chanceux (pas comme nous, il paraît qu’ils sortent surtout en juin). Sans parler du contraste entre les plaines d’Edmonton et le relief montagneux des Rocheuses.
Pour vraiment en profiter, on se donnait 2 à 3 jours de randonnées sur chaque parcs, parfois en solitaire pour se ressourcer et marquer une vraie coupure dans le quotidien du road-trip à deux. C’est quelque chose à laquelle on ne pense pas forcément avant de passer un mois vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept avec la même personne. Et lorsque l’espace est réduit, profiter de ces grands espaces pour souffler s’est avéré plus que bénéfique. C’était aussi l’occasion de mieux se connaître et de partager notre expérience sur nos itinéraires respectifs.
Un road-trip comporte son lot de mésaventures
La première fois qu’un gardien s’est mis à roder autour de la voiture, ça ne nous a pas vraiment dérangés. Mais se faire dénoncer par des touristes de passage, c’est quelque chose qui peut vous irriter facilement. Ce jour-là, les corbeaux étaient les premiers à nous réveiller. Pour une raison qu’on ignore encore, ils avaient élu domicile sur le toit de la voiture. Et puis la gardienne du parc est finalement arrivée pour nous cueillir au moment du café. Heureusement, on a très vite sympathisé avec elle, jusqu’à lui expliquer notre trajet depuis Montréal et notre utilisation des applications mobiles. Un autre matin, on se fera encore une fois réveiller par des oiseaux, mais cette fois-ci par des aigles américains près de Revelstoke. C’est un chouette spectacle matinale que de voir des aigles pêcher sur un lac en prenant son petit déjeuner. S’il y a bien un endroit pour les observer, c’est là-bas, et au nord de Vancouver près de Squamish.
Et puis il y a d’autres fois où le réveil n’était pas si agréable que ça. Notamment à Jasper ou sur la route des glaciers. On devait à chaque fois commencer notre matinée par dégivrer l’intérieur des vitres avant d’oser sortir préparer le café et reprendre la route. On était tellement frigorifiés qu’on avait vraiment du mal à se motiver pour sortir de son duvet et ranger la voiture. Il faut savoir qu’on est habituellement tous les deux bordéliques, alors dans un monospace… Et on en a vite payé les frais. Un jour, sur l’un des parking de Jasper, on a voulu ouvrir manuellement la voiture de l’intérieur, sans l’ouverture automatique des portes avec les clés. L’alarme s’est alors mise à réveiller tout le voisinage. Seul moyen de l’arrêter : retrouver rapidement les clés au milieu de ce bataclan. Le pire des réveils. En y repensant, on est vraiment passé pour des troubles fêtes de premier rang, mais aujourd’hui ça nous fait plutôt sourire.
Plus on s’approchait de Vancouver, plus on réalisait qu’il allait falloir délaisser le calme et la tranquillité des parcs pour la frénésie de la ville. Une fois arrivés à la dernière étape de notre road trip, nous avons très vite cherché du travail pour nous permettre de passer l’hiver, avant de peut-être reprendre la route. Aujourd’hui nous travaillons tous les deux à Vancouver, et on profite pas mal des randonnées et des stations de ski aux alentours de la ville.
Avec du recul, l’un de mes grands regrets lors de ce road trip, c’est de ne pas avoir su m’imprégner davantage des lieux que nous visitions. Rester plusieurs semaines, faire de nouvelles rencontres et parcourir d’autres sentiers cachés. Nous n’étions pas contre le fait de chercher du travail sur notre trajet, bien au contraire, mais je pense que l’arrivée du froid hivernal nous a poussé à rejoindre rapidement Vancouver et la côte ouest. Peu importe, on a largement profité de ces 3 semaines de road trip, et c’est une expérience qui nous pousse définitivement à recommencer. Il nous reste encore tous les Territoires du Nord-Ouest à explorer ou même les États-Unis à visiter. Une chose est sûr : une expérience comme celle-ci me pousse à voyager davantage et à entreprendre inévitablement d’autres projets.
Image haut de page : Alberta, Jasper National Park, sur la Yellowhead Highway 16 ©Yann Allègre. Retrouvez les aventures de Yann sur Youtube, sur Facebook et sur Instagram.
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