Le Noël d’Héloïse dans un backpacker
Noël à l’étranger est un moment particulier. Le passer seul, à plusieurs et surtout où le passer ? Toutes ces questions reviennent dans la tête de tout backpacker ! Héloïse nous parle aujourd’hui de son Noël en Nouvelle-Zélande.
Qui es-tu ? Pourquoi es-tu partie en Nouvelle-Zélande ?
Je m’appelle Héloïse, j’ai 27 ans et je suis partie en Nouvelle Zélande en Février 2009 pour un an. J’avais toujours eu envie de faire un grand voyage seule et l’occasion parfaite s’est présentée cette année-là. Je venais de me séparer de mon copain de l’époque et j’avais l’opportunité de faire un break entre deux années d’école d’infirmière. Je suis donc allée voir la directrice qui a validé ma demande de report de formation, j’ai rendu les clés de mon appartement, j’ai fait la demande pour un working holiday visa, et j’ai pris un aller simple pour la Nouvelle-Zélande. Entre le moment où j’ai décidé de partir et le décollage de mon avion, il s’est passé moins d’un mois ! Je suis partie pour apprendre l’anglais, tester mes limites et certainement aussi pour fuir mon quotidien. A l’époque, je n’étais pas capable de définir aussi bien la raison de mon départ précipité. C’est après bien des années que c’est devenu vraiment clair.
Raconte-nous ton expérience de Noël en Nouvelle-Zélande ?
Quand on part seule pour un an à l’autre bout du monde, on accepte forcément d’improviser toutes les fêtes annuelles : Pâques, anniversaire, Noël… L’arrivée de ces événements d’ordinaire célébrés en famille ou entre amis autour d’un bon repas s’accompagnait toujours d’une certaine angoisse mêlée d’excitation. Aucune fête cette année-là n’a été ordinaire et Noël tout particulièrement.
Avant même de partir, je me réjouissais à l’idée de passer Noël dans l’hémisphère sud, où le soleil brille et où les Pères Noël portent des lunettes de soleil. J’avais entendu dire que la tradition néo-zélandaise voulait qu’on fête la naissance du Christ autour d’un barbecue sur une plage et en maillot de bain. Quelle perspective alléchante, d’autant que je me préparais à ce que les fêtes de fin d’année viennent clôturer mon année de voyage. Cela devait donc être l’apothéose d’un an de liberté et de pérégrination.
Evidemment, il y a un fossé entre l’idée que je m’étais faite de Noël avant de partir et ce qu’il m’est arrivé après dix mois de voyage. D’une part, je n’étais plus tout à fait seule sur cette île. J’avais rencontré bien du monde et heureusement sinon je serais probablement rentrée chez moi bien plus tôt que prévu. Quelques jours avant le 25 décembre, je voyageais dans l’île du Sud autour de la Golden Bay avec un ami chilien que j’avais rencontré quelques mois plus tôt à Wellington (la capitale située dans l’île du nord). Nous ne nous préoccupions pas du tout de la question de où nous-allions passer le réveillon. D’une part, parce qu’après autant de temps à mener une vie de bohème, on en perd ses repères spatiaux temporels mais surtout parce que rien autour de nous ne pouvait nous rappeler que Noël approchait : nous avions posé notre tente au bord de la mer, il faisait très chaud et aucun commerce alentours ne parlait de l’événement. Nous avions seulement nos téléphones portables qui affichaient la date, c’est là que j’ai dit à Chitto qu’il fallait qu’on fête Noël.Chitto était en Nouvelle-Zélande depuis près de cinq ans et avait l’habitude de passer Noël en été et loin de sa famille mais il comprit que pour moi, c’était bien différent : non seulement je n’avais jamais fêté Noël en été mais en plus, ce serait certainement l’unique fois de ma vie que je pourrais le faire. Nous nous sommes donc rendu dans un backpacker Takaka dans lequel nous avions travaillé quelques jours en échange du gîte. La propriétaire, dont j’ai oublié le nom, mais dont je garde le souvenir d’une joyeuse fêtarde était très heureuse de nous accueillir chez elle car son auberge était pleine à craquer et qu’elle avait du mal a gérer seule l’affluence soudaine de voyageurs isolés et en demande d’une attention particulière pour le réveillon. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé ce que Noël allait signifier pour moi cette année : nous étions une vingtaine de voyageurs des quatre coins de la planète isolés pour ce jour de fête. Aucun d’entre nous n’avait prévu le coup. Nous nous trouvions tous là plus ou moins par hasard en attendant anxieusement de savoir, si nous aussi, nous aurions droit cette année à un Noël digne de ce nom.
Il n’était pas difficile de se rendre compte que nous étions tous en mal de famille ce jour-là, alors nous avons décidé le plus naturellement du monde de fêter Noël ensemble. L’un de nous a proposé que chacun fasse un plat de son pays et l’idée a plu. Nous sommes tous allés à la supérette du coin pour y acheter divers ingrédients et c’est là que pour la première fois, j’ai fait attention aux décorations de Noël. Des pères noël font du surf et les arbres endémiques du pays sont décorés. Nous avons ensuite passé tout l’après-midi à faire connaissance en cuisinant. Je ne me rappelle pas pourquoi mais moi et Chitto avions fait de sushis. Étrange choix pour un Chilien et une Française…
Pour la fête, je me rappelle juste que c’était bon, que tout le monde semblait soulagé et content de son Noël. Je me rappelle aussi que nous avons appelé nos familles mais que ça n’a pas suscité trop de nostalgie, en tous cas pas chez moi. Quelques jours plus tard, il y avait un rassemblement mondial : le rainbow (une communauté internationale de hippies). Nous nous sommes tous retrouvés là-bas pour le Nouvel An avec près de 700 personnes. J’y ai retrouvé une grande partie de mes amis voyageurs croisés au cours de cette année. C’était la meilleure conclusion possible de mon voyage.
As-tu apprécié cette expérience ?
C’était bien de changer car cela m’a permis de me rendre compte de la chance que j’ai d’être chaque année entourée pour les fêtes de Noël. Avant, je n’avais jamais eu a me demander si j’allais fêter Noël ou pas et avec qui. Cette expérience m’a aussi permis de mesurer à quel point nous nous ressemblons à travers le monde et que même si on ne mange pas les mêmes plats, nous attendons tous la même chose de Noël : de l’amour et du réconfort. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter mais pas tous les ans ! Cela nécessite beaucoup trop d’énergie, de courage et de chance de voyager de la sorte.
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