Faire du HelpX ou du Wwoofing est une autre manière de découvrir un pays. Pour rappel, cette activité consiste à travailler bénévolement quelques heures par jour dans une ferme, un refuge pour animaux ou une famille. En échange, vous êtes hébergé et nourri et surtout, vous vivez à l’heure locale. C’est ce mode de vie qu’Antonin choisit lors de son WHV en Nouvelle-Zélande. Il a réalisé pas moins de 5 HelpX en un an. Des expériences parfois heureuses, parfois moins. Pour le blog WHV, il a accepté de nous raconter ses différents HelpX en Nouvelle-Zélande. Qui sait, peut-être cela donnera des envies à de futurs backpackers ?
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Antonin, j’ai 22 ans. Je poursuis un cursus ingénieur en énergie renouvelable à Paris, et à Madrid depuis cette année. J’ai eu la chance de découvrir de nombreux pays dans mon enfance grâce à mes parents, qui m’ont légué ce délicieux goût du voyage en « sac à dos ».
Quand es-tu parti en Nouvelle-Zélande et pourquoi ?
Je suis parti en Nouvelle-Zélande à la fin du mois de septembre 2014, pour une durée d’un an. « Pourquoi ? » est une question difficile. Je pense simplement que c’était un besoin. En sortant du bac je pensais déjà à prendre une année pour partir. Je suis finalement entré en école, j’ai fait mes 3 premières années. Mais l’idée de partir me hantait. Une certaine monotonie s’était mise en place. Je m’ennuyais, clairement. Un de mes cousins était déjà parti en NZ via un PVT et même sans avoir eu beaucoup de nouvelles, je savais que ça me plairait. Alors un jour j’ai pris mon billet, avant même d’effectuer ma demande de visa. Au moins je ne pouvais plus faire marche arrière ! J’ai ensuite fait ma demande de visa et ai demandé une année d’interruption de scolarité à mon école. Je partais ENFIN pour la Nouvelle-Zélande !
Tu as fait beaucoup de HelpX durant ton WHV. C’était quel type d’activité ?
J’ai toujours aimé le contact avec les animaux. J’ai donc opté pour des HelpX en ferme où je devais jardiner, nourrir les jeunes animaux, s’en occuper, construire, démolir, planter, couper du bois, jardiner… Mais le HelpX, ce n’est pas seulement des tâches, c’est beaucoup plus, c’est du partage, de la confiance, du simple bonheur !
Pourquoi as-tu privilégié le HelpX à un emploi rémunéré en Nouvelle-Zélande ?
Tout simplement, car c’est tout sauf un emploi. Le HelpX est ce qui, pour moi, a fait la différence entre « être un touriste » et « faire partie de la Nouvelle-Zélande ». C’est un très bon moyen de voir le pays de l’intérieur, vivre mon PVT en profondeur, plutôt que de « survoler des endroits ». Ce n’est pas rémunéré la plupart du temps mais je ne dépensais rien (60NZD en deux mois et demi de HelpX). C’est un partage permanent, une histoire de confiance, des aventures que vous n’auriez jamais fait (travailler avec des chiens de troupeaux, balades à moto ou cheval, chasse, week-end avec la famille dans des coins inconnus…). Un emploi rémunéré est également important. Ça permet de se faire une petite réserve avant de continuer son voyage, mais c’est différent. C’est un vrai boulot. Je pense qu’il faut simplement bien choisir son moment pour faire l’un ou l’autre.
Comment chercher un hôte en HelpX quand on est un backpacker ?
Il n’y a rien de plus simple que de trouver un hôte de HelpX. Il suffit d’ouvrir un compte sur le site officiel www.helpx.net et de renseigner quelques informations de base. La version Premium coûte 20 NZD. C’est très utile pour avoir accès à la liste complet des hôtes. Vous pouvez les classer par région ou catégorie (maison, ferme, bateau…) afin que les propositions collent au mieux à vos envies. Un profil se compose d’une description de l’hôte, du travail attendu, de quelques photos, d’un petit agenda pour savoir si l’hôte est disponible et d’avis de précédent Helpers. C’est assez bien fait. Le principe est donc de se fier à son intuition suivant le profil, les photos, et les commentaires. Mais attention, n’oubliez pas que certains commentaires peuvent laisser une mauvaise impression car simplement, les hôtes et helpers n’étaient pas sur la même longueur d’onde. Le mieux est de contacter une dizaine d’hôtes, entre 2 mois et 2 semaines à l’avance. Choisissez et convenez d’une date à laquelle vous arriverez, et c’est parti ! Parfois les hôtes mettent quelques jours à répondre (ils n’ont pas tous les mails en direct sur leur derniers smartphones ;-)) ou même ne répondent pas. A la fin du séjour, n’oubliez pas, et c’est très important, de laisser un commentaire sur votre ressenti, car ce sera utile pour les autres, comme ça l’a été pour vous !
Avec un peu de chance, ils laisseront même un super commentaire sur votre profil ! Dernière chose, méfiez vous si vous ne sentez pas la personne. Rien de dangereux, mais vous risquez de vivre une expérience pas très agréable. C’est arrivé que certains Helpers se voient contraints de dormir dans le garage, sans draps propres… Rappelez-vous qu’un hôte est censé vous recevoir dans de bonnes conditions (attention, nous n’avons pas forcément tous les mêmes référence en terme d’hygiène, donc ne soyez pas trop dur :)). Si une mauvaise expérience vous arrive, n’oubliez pas de le signaler au site pour supprimer l’hôte de la liste.
Peux-tu nous résumer toutes tes expériences en HelpX ?
1er HelpX : Patetonga, Waikato, 2 semaines, chez Clare & Simon
C’est l’expérience qui m’a réellement mis dans le bain néo-zélandais. 🙂 J’ai atterri chez un jeune couple de fermiers. Je les aidais en moyenne 4h/jour. Le reste était du temps libre. J’ai dû m’habituer à leur environnement, que je ne connaissais pas. Je vivais complètement à leur rythme : coucher tôt, lever tôt. Un peu dur à suivre au début, surtout avec des travaux physiques. Je m’y suis finalement très vite habitué. Le couple me faisait tout découvrir : comment allaiter un veau, contrôler un troupeau, travailler avec des chiens de troupeaux, chasser le lapin pour le dîner, participer à une vente aux enchères de bovins. Les affinités sont très vite apparues et chaque jour était un pur bonheur. Nous partagions beaucoup. Ils m’ont confié une moto pour travailler, mais je pouvais la prendre quand je voulais pour aller faire un tour. Nous sommes même partis trois jours dans le Coromandel ensemble. J’ai dû me forcer à partir. 🙁 J’y serais bien resté quelques semaines de plus mais je devais avancer. Je me suis promis de les revoir avant mon départ.
2ème HelpX : Raglan, Waikato, 3 jours, chez Dave
Il s’agissait ici d’un HelpX « en maison”. Je suis arrivé chez un père de deux enfants. Ca s’est tout de suite mal passé. J’ai malgré tout attendu un peu pour voir comment ça allait évoluer. Au bout de trois jours, je suis parti ! J’avais l’impression de ne servir à rien. Ils m’appelaient que lorsqu’ils avaient besoin de moi. J’étais transparent et quand je lui ai annoncé que je partais, ça n’a pas eu l’air de le déranger. « Un autre arrivera bientôt de toute façon »…
3ème HelpX : Raglan, Waikato, 10 jours, chez Jane et sa petite famille
A deux pas de chez Dave en fait. Chez eux, c’était assez cadré : 4h/jour minimum. J’avais mon propre “studio” au rez-de-chaussée. On m’appelait pour les dîners et… c’était tout ! Nous n’avons pas beaucoup échangé. Je ne suis même pas resté un soir pour parler avec eux. Mais j’aimais mon boulot. Je devais remplir un cabanon de bûches pour qu’ils les vendent en hiver. Je devais les charger sur une remorque, les conduire jusqu’à un “splitter” pour les couper en tailles convenables et les ranger. C’était répétitif mais j’ai beaucoup aimé, c’était physique et en extérieur.
4ème HelpX : Maungaturoto, Northland, 10 jours, chez Karen
Cette retraitée a acheté une ancienne ferme pour y élever des ânes. Chaque matin je devais m’en occuper avec elle, les brosser, vérifier qu’ils aillent bien, les emmener en balade. J’organisais ma journée comme je voulais, tout en connaissant les petits travaux que je devais accomplir. On travaillait ensemble et toujours dans la bonne humeur. J’en ai profité pour visiter les alentours et j’ai vu mon premier kiwi ! 🙂
5ème HelpX : Coroglen, Coromandel, 10 jours, chez Christine
J’ai ici un peu plus goûté aux dures réalités de la vie fermière. J’étais à 100% dedans. Christine se levait très tôt, si tôt que je ne pouvais pas la suivre… Le travail était physique, d’autant plus qu’elle était seule à s’occuper de sa ferme. J’ai même assisté à une réunion entre fermiers, vétérinaires et membres syndicaux pour discuter des problèmes d’eczema des bovins. Nous avons traité tous les animaux de Christine. Lors de cette réunion et grâce au temps passé ici, j’ai pu sentir les craintes, tracas et problèmes sociaux dont souffrent certains éleveurs en Nouvelle-Zélande. Les trois derniers jours, je me suis occupé seul de la ferme. C’était une grande responsabilité et cela a permis à Christine de prendre quelques jours pour aller voir une amie.
Quel est ton meilleur souvenir ? Et le pire ? Une anecdote ?
J’ai des « meilleurs souvenirs » partout… Mais celui qui me vient à l’esprit maintenant serait simplement mon premier HelpX, car c’est la période qui a ouvert les portes de mon WHV en NZ. J’étais libre, sans problèmes extérieurs, chez des gens géniaux et entouré d’animaux. J’étais dans un autre monde.
Mon pire souvenir en HelpX serait sans hésiter le second, à Raglan. Je ne servais à rien. On se foutait un peu de si j’étais là ou pas, les draps n’avaient même pas été changé.
Une anecdote ? Des dizaines ! A la fin de mon premier HelpX, nous sommes partis un week-end dans le Coromandel en van avec une barque sur remorque et la moto cross dans le coffre (oui oui…). J’ai passé le week-end et surtout une des soirées les plus inattendues de ma vie : pose de filet en bord de mer à marée basse, soirée festive dans un espace dégagé au fin fond des bois avec des dizaines de locaux, feu gigantesque autour duquel tout le monde se retrouvait, agneau rôti en guise de dîner, on se servait à la main, sur un capot de voiture, j’ai aussi été mordu au doigt par un pingouin qui passait par là, ce qui a beaucoup fait rire les locaux… Nous avons ensuite remonté une rivière avec de l’eau jusqu’aux genoux et avons traversé une grotte, éclairés par quelques écrans de portable pour accéder à un endroit secret où des centaines de vers luisants sont apparus devant moi… Un moment magique. Nous finissons la soirée par ramasser nos prises de la veille, la pêche n’avait apparemment jamais été aussi miraculeuse… Une soirée que je n’oublierai jamais.
Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté d’un point de vue personnel et professionnel ?
Il s’agit clairement d’une des meilleures années de ma vie. Une année comme ça, c’est des découvertes non stop, de nouvelles expériences, de nouvelles rencontres, une nouvelle langue, une nouvelle culture, des questions à résoudre quotidiennement, des essais, des échecs, des victoires, des remises en questions, de la chance, de l’imprévu, des situations marrantes, inattendues, gênantes, géniales… Il faut jongler avec tout ça et c’est ce qui rend cette expérience si vivante. Cette année m’a simplement donné envie de réaliser mes rêves et de tout faire pour y arriver. C’est banal comme réponse mais c’est tout à fait ça. Aujourd’hui je vis plus pour moi que je ne le faisais auparavant. Je dirais que j’ai appris à savourer.
Professionnellement parlant, je ne sais pas trop. Du point de vue de l’anglais, c’est indéniable. J’ai aussi travaillé deux mois à Christchurch dans la construction, je dirais que j’ai appris ce qu’est le travail physique. J’ai bien aimé… mais pas pour une vie. C’est cassant ! J’ai travaillé dans les champs de kiwis aussi. Cela fait prendre conscience que derrière chaque fruit il existe une main d’œuvre énorme. C’est très physique également. Je suis content d’avoir eu ces expériences. Je dirais que ces jobs m’ont permis une réelle prise de conscience sur le monde dans lequel nous vivons.
Où en es-tu aujourd’hui ?
A mon retour de Nouvelle-Zélande, j’ai enchaîné avec une année en Erasmus à Madrid. J’y suis depuis deux mois et je découvre une ville géniale. Heureusement d’ailleurs que j’ai pu partir. Ça fait une transition plus douce. Le retour en France a été un peu dur à encaisser au début. C’est compliqué de retrouver une vie centrée autour d’un foyer, des études et de se remettre dans le bain. Je repense quasiment tous les jours à mon voyage et rêve déjà de repartir une nouvelle année en PVT après l’obtention de mon diplôme, sûrement en Amérique du Sud. Je suis également pas mal de blogs de voyageurs.
Quel serait ton meilleur conseil pour ceux qui veulent partir en NZ ?
Un seul : FONCEZ ! C’est simplement une des meilleures expériences que vous pouvez avoir, et je pèse mes mots. Soyez simplement prêt psychologiquement à quitter vos proches pour un temps et ayez quelques petites réserves d’argent. Partir seul(e) ? Carrément ! Ça permet de faire plus de rencontres et d’être plus spontané. On ne compte que sur soi-même et on se débrouille souvent beaucoup mieux que ce qu’on aurait imaginé. On est encore plus libre ! Et puis on n’est jamais vraiment seul pour longtemps. Alors, FONCEZ, FONCEZ, FONCEZ ! Vous ne regretterez rien, j’en mets ma main à couper.