S’occuper de bébés kangourous est un rêve pour de nombreux backpackers. Ce rêve, Ophélie du blog OZélie.com l’a réalisé moins de deux mois après avoir commencé son WHV Australie. Elle a bien voulu répondre à nos questions pour nous raconter son quotidien au milieu des kangourous, des wallabies, des kookaburras et des chauves-souris.
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Ophélie, j’ai 25 ans, je viens de la région parisienne. J’ai un Master en Communication, spécialisée en production audiovisuelle. Je suis une fille très organisée dans la vie et je me passionne facilement pour tous types de sujets. J’aime les gens, les rencontres… ça me nourrit. Je suis également un peu rêveuse et assoiffée de sensations fortes !
Quand es-tu partie en Australie et pourquoi ?
Je suis partie en Australie fin août 2015. Le milieu dans lequel je cherchais un travail en France est extrêmement fermé et repose surtout sur les stagiaires et le bénévolat. Pour vivre, j’avais accepté un poste d’hôtesse d’accueil. Après de trop longs mois gaspillés, j’ai décidé de tout plaquer et de partir en Australie, pays qui me faisait rêver depuis des années. J’avais clairement besoin de me sentir vivre et d’exploiter tout mon potentiel en me retrouvant dans un environnement inconnu.
Je me suis donnée 6 mois pour préparer ce voyage. J’ai choisi de le débuter à Cairns, la ville où le temps serait le plus clément.
Comment as-tu trouvé ton travail dans un refuge de kangourou ?
Dix jours après mon arrivée sur Cairns, j’ai vu une annonce dans le groupe Facebook « Cairns Backpackers » qui proposait de s’occuper de bébés kangourous et wallabies à Kuranda. C’était un de mes rêves. J’ai été la première à répondre en montrant toute ma motivation. Quelques heures plus tard, j’ai eu la confirmation que j’avais été choisie !
Quelles étaient les conditions de travail ?
Il s’agissait d’un HelpX (une autre forme de Wwoofing), c’est-à-dire que j’étais logée et nourrie pendant deux semaines en échange du travail fourni. Avoir l’intimité d’une chambre avec lit double et manger de bons petits plats font extrêmement du bien après avoir vécu dans une auberge de jeunesse !
Je vivais chez Betty et Cliff, un couple de 70 ans. Betty recueille des animaux sauvages blessés et/ou abandonnés depuis plus de 20 ans. Dès qu’ils sont aptes à vivre seuls, elle les relâche dans la nature. Mais certains resteront à vie chez elle (les aveugles et grands blessés). La majorité de ses pensionnaires sont des kangourous et wallabies orphelins. Ils sont recueillis bien souvent dans la poche de leur maman lorsque celles-ci sont tuées sur la route.
Les journées étaient longues et fatigantes. Je commençais à 7h30 et je finissais vers 23h. Comme les bébés humains, les bébés kangourous ont besoin d’être nourris plusieurs fois par jour. Comme ils étaient 17, ça prenait du temps. Il fallait également nettoyer les lits des petits et les enclos des plus grands chaque jour et préparer les biberons. Chaque kangourou et wallaby avait son dosage, son type de lait, sa tétine personnelle pour le biberon. Il ne fallait pas se tromper !
En matinée, si Betty n’avait pas d’aide d’une de ses amies ou de sa famille, je l’aidais également à nettoyer les cages et à nourrir la dizaine de perroquets et loriquets (sorte de perroquet), mais aussi les chauves-souris et les kookaburras !
Quelle était ta relation avec ces types d’animaux ?
J’ai adoré les kookaburras et les chauves-souris ! Les kookaburras sont très beaux avec leur petite houppette sur la tête. Leur chant ressemble à un rire moqueur, très reconnaissable. Ils étaient très sages et je leur donnais de temps à autre la becquée. Ils mangent de la viande et des vers de terre !
Les chauves-souris, contrairement aux idées reçues, étaient adorables. Elles avaient plus peur de moi que l’inverse. Elles étaient tout le temps regroupées dans un coin de leur cage et me regardaient avec leurs grands yeux ronds. Personnellement, je les trouve très belles. Je leur accrochais des petites grappes de raisin dans leur cage et leur donnait également de la bouillie. Je nettoyais la cage au karsher. C’était très simple. Les kookaburras et les chauves-souris étaient vraiment inoffensifs !
Quel est ton meilleur souvenir de cette expérience ? Et ton pire souvenir ?
Je ne dirais pas qu’il y a un meilleur souvenir mais DES meilleurs souvenirs ! Tous les moments où les kangourous et wallabies venaient vers moi pour me lécher et me faire des bisous. Au bout de deux semaines, j’étais presque comme leur mère. Il y avait beaucoup d’affection et de reconnaissance de leur part. Ils étaient tous adorables. Apprendre à marcher à Max, voir Mishka réclamer le biberon alors qu’elle refusait de se nourrir à mon arrivée. Tant d’expériences gratifiantes !
Mon pire souvenir… Le premier est arrivé le jour de mon arrivée avec le choc des cultures. La parisienne qui se retrouve à la ferme et avec des bébés kangourous qui avaient tous la diarrhée. J’ai tout de suite été dans le bain ! L’autre mauvais souvenir est d’avoir dû nettoyer les enclos extérieurs sous une pluie battante avant la tombée de la nuit.
Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté d’un point de vue personnel et professionnel ?
Cette expérience m’a fait évoluer. En arrivant en Australie, j’étais cette jeune femme délicate voire précieuse, qui ne veut pas toucher la saleté et encore moins entendre parler d’excréments. Mon attitude a changé du tout au tout. C’est la Nature. C’est la vie !
J’ai pu également constater que les animaux sont comme les humains, ils ont besoin d’être en confiance. Un bébé wallaby qui a vécu un événement traumatisant sera au début réticent à être pris dans les bras et à accepter d’être nourri. C’est avec du temps et de l’amour qu’il s’ouvrira à nouveau.
Ce fut également extrêmement enrichissant de vivre au quotidien avec une famille australienne, de connaître leurs opinions sur le pays, le premier ministre, les aborigènes. De goûter la fameuse Vegemite (je déconseille) ! Je me suis vraiment sentie intégrée et je sais que Betty et Cliff m’ouvriront grand les bras si je repasse par chez eux.
D’un point de vue professionnel, il fallait être extrêmement organisé, précis et ponctuel. Maîtriser les dosages pour faire les différents laits. Bien évidemment, il fallait aimer les animaux, être ouvert et avoir de l’amour à donner. Prendre sur soi également et assurer quoiqu’il en soit le biberon de 22h. Les bébés sont dépendants de nous.
Où es-tu aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je suis à Sydney. J’ai descendu la côte est en bus en m’arrêtant à chaque ville qui me semblait valoir le coût d’œil, en faisant les indispensables Whitsundays et Fraser Island.
Je recherche un travail. Je vais tenter ma chance dans le milieu audiovisuel ou événementiel à Sydney et Melbourne. Je n’ai rien à perdre ! Je vais peut-être tenter le fruit picking à la ferme. Il parait que c’est dur, mais qu’il y a une super ambiance entre les travailleurs. Pas mal de possibilités. C’est ça la liberté !
Quel serait ton meilleur conseil pour ceux qui veulent partir en Australie ?
Lancez-vous ! C’est le plus dur à faire. Une fois qu’on y est, on se rend compte que l’Australie, c’est quand même vachement plus simple qu’en France, pour tout ! Et il y fait si bon vivre !
Juste, renseignez-vous sur votre ville d’arrivée. Combien de personnes ai-je rencontré à Cairns qui venaient de Sydney où il faisait froid et pluvieux en août ? C’est quand même plus sympa d’arriver sous le soleil en Australie ! 🙂
As-tu autre chose à ajouter ?
Ne planifiez pas trop à l’avance. Laissez-vous la chance d’avoir des opportunités au cours de votre voyage. Il y en aura tout le temps. Je sais, c’est un peu flippant, mais c’est ça aussi se sentir vivant !
Merci beaucoup à Ophélie pour ce témoignage. Si son récit vous a plus, vous pouvez continuer de suivre son aventure en Australie sur son blog www.ozelie.com.